Nous avons commencé l’année en dévoilant une première étude économique afin d’établir des prévisions sur l’ampleur de la demande d’aide alimentaire au Québec pour les prochaines années et mieux comprendre les principaux facteurs qui influencent cette dernière.
L’étude, réalisée par Aviseo Conseil, vient confirmer la tendance inquiétante que nous observons, soit que le nombre de demandes d’aide alimentaire auquel le réseau répond augmentera. En effet, en 2024, ce sont 2,9 millions par mois qui ont été répondues par notre réseau. Ce chiffre atteindra 3,22 millions par mois en 2027, soit une augmentation de plus de 320 000 demandes d’ici trois ans.
Une tendance préoccupante qui se concrétise
L’étude économique permet de confirmer ce qu’anticipent les organismes membres de BAQ sur le terrain, qui font face à une pression accrue depuis déjà plusieurs années. L’étude vient également identifier les principaux facteurs qui influencent le niveau de demandes d’aide alimentaire au Québec illustrant la nécessité de mettre en place des politiques publiques fortes en matière de lutte contre la pauvreté. À eux seuls, ces déterminants expliquent 71 % de la demande d’aide alimentaire.
- La pauvreté et la dépendance économique des ménages auprès des transferts gouvernementaux : Plus un ménage dépendra des transferts gouvernementaux, moins il sera susceptible d’être en mesure de s’adapter à un changement de situation comme à une croissance des prix du logement ou des prix de l’alimentation.
- Le marché de l’emploi moins favorable au travail à temps plein : Le ratio des emplois à temps partiel comparativement aux emplois à temps plein est un indicateur de l’état du marché du travail. Le Québec continue d’ailleurs d’être dernier au Canada (en date de 2023) en ce qui a trait au nombre d’heures travaillées par semaine par emploi.
- L’augmentation rapide du prix des loyers : Le logement étant le principal poste de dépense des ménages, la croissance du prix du logement peut contribuer à accroître la demande d’aide alimentaire, surtout lorsque les revenus d’emploi ne croient pas à la même vitesse que les principaux postes de dépenses des ménages.
- Le statut précaire lié aux nouveaux arrivants : Une étude de Statistique Canada relève qu’une famille sur quatre (26 %), dont le principal soutien économique avait immigré entre 2013 et 2022, a déclaré se trouver en situation d’insécurité alimentaire. Ce niveau diminue en fonction des années passées sur le territoire. Il s’agit d’une proportion similaire à celle observée dans le Bilan-Faim où près du quart des demandeurs sont de nouveaux arrivants (24,7 %).
Plus de prévisibilité souhaitée par le réseau
Dans les dernières années, le financement gouvernemental dédié aux achats de denrées a été essentiel pour combler le manque à gagner et acheter suffisamment de denrées pour répondre à la demande croissante.
Alors que les résultats de l’étude démontrent que le fossé continuera de se creuser, exacerbant les besoins d’aide alimentaire, BAQ souhaite obtenir un financement prévisible plutôt que de continuellement cogner à la porte du gouvernement. Les prévisions d’augmentation de la demande obtenues dans le cadre de l’étude économique permettent à BAQ de prédire l’évolution de l’état de la faim au Québec et donc de demander dès aujourd’hui un financement conséquent qui permettra de répondre aux besoins du réseau et d’aider les plus vulnérables. Dans le cadre des consultations prébudgétaires 2025-2026, BAQ demande ainsi un financement de 38 M$ en 2025-2026, de 36 M$ en 2026-2027 et de 34 M$ en 2027-2028.
« Avec cette étude, nous sommes en mesure d’anticiper à quoi ressemblera les prochaines années pour notre réseau qui fait déjà face à une pression accrue pour soutenir les gens en situation d’insécurité alimentaire au Québec. Bien que nous sommes devant une tendance triste et inquiétante, cela permet d’avoir une prévisibilité sur l’évolution de la situation au fil des ans et de nous préparer en conséquence. Tant que des mesures et des actions structurantes qui s’attaquent aux racines de la pauvreté et des inégalités sociales ne seront pas implantées, nous serons confrontés à cette hausse. Devant les résultats de cette étude, nous souhaitons pouvoir établir une entente constante et prévisible avec le gouvernement du Québec afin d’assurer une aide aux plus vulnérables. »
Martin Munger, directeur général de Banques alimentaires du Québec.